Arrêts maladie de "complaisance" : les généralistes montent au créneau

par S.M
Publié le 20 juin 2023 à 11h51, mis à jour le 20 juin 2023 à 12h03

Source : JT 20h Semaine

Le gouvernement appelle 6.000 médecins traitants à limiter la délivrance des arrêts maladie s'ils veulent éviter des pénalités financières.
Une méthode perçue comme une "pression scandaleuse" par la profession.
Le président de la Confédération des syndicats médicaux a appelé ses confrères à refuser cette "mise sous objectif".

La colère gronde chez les médecins traitants. Parmi les mesures proposées lundi par Bercy pour redresser les finances publiques, celle de la chasse aux arrêts maladie, dits de "complaisance", ne passe pas auprès de la profession. La Caisse nationale de l'assurance maladie (Cnam) appelle d'ores et déjà 6.000 médecins traitants – sur 46.000 - considérés comme "gros prescripteurs" d'arrêts maladie, à limiter la délivrance de ces justificatifs médicaux s'ils veulent éviter des pénalités financières. En cas de fraude, ils s'exposent à une amende pouvant aller jusqu'à 9.000 euros. 

Une "pression scandaleuse", qui équivaut à de la "maltraitance" sur les médecins de famille, dont le métier est aujourd'hui "très dur", au vu des faibles effectifs dans les déserts médicaux et du nombre croissant de patients, dénonce le président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Invité de franceinfo ce mardi 20 juin, Luc Duquesnel appelle ses confrères à refuser cette "mise sous objectif". Il leur propose plutôt de réclamer une "mise sous accord préalable", selon lequel l'arrêt maladie doit être validé par la Cnam.

"Boucs émissaires" du gouvernement en matière de santé publique

"Le ressenti, c'est que l'on est considérés comme des fraudeurs", regrette le médecin de Mayenne au micro de la radio publique. Si les arrêts de travail ont augmenté de 30% en trois ans, selon les chiffres du CTIP (Centre technique des institutions de prévoyance), cela s'explique, selon lui, par le fait que le chômage recule en France. "S'il y a de plus en plus de gens qui travaillent avec des salaires qui augmentent, c'est normal que le nombre d'arrêts de travail augmente, ainsi que leur coût", assure-t-il. Ces contrôles chiffrés de la Cnam, visant à  récupérer plusieurs milliards d'euros au bénéfice des finances publiques, risquent avant tout, selon le professionnel, de "contribuer à aggraver l'accès aux soins". 

Une méthode reçue avec fracas par l'ensemble de la profession. Dès le 15 juin, la Fédération française des médecins généralistes (MG France), s'insurgeait, dans un communiqué publié sur Twitter, "contre une campagne de contrôle statistique agressive". Les médecins traitants ne sont autres que les "boucs émissaires" du gouvernement en matière de santé publique, déplore MG France, alors qu'ils "subissent déjà les pires contraintes avec la baisse de leurs effectifs et les lois coercitives qui menacent".

Cette mesure proposée par le gouvernement vise à "freiner la dérive" des arrêts maladie de complaisance, comme l'expliquait devant le Sénat le ministre délégué aux Comptes publics, Gabriel Attal, le 15 juin. Alors que le montant des indemnités journalières remboursées par la Sécurité sociale a augmenté de 7,4% (hors Covid) en 2022, à plus de 14 milliards d'euros, "on sera à 23 milliards en 2027", a estimé le ministre. 


S.M

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